Mme la présidente
La parole est à M. Patrick Hetzel.
M. Patrick HetzelMa question s’adresse à Mme la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche. Il y a quelques mois, madame la ministre, la présidence de l’université Bordeaux Montaigne a interdit de parole Mme Sylviane Agacinski, philosophe, estimant que son intervention créerait un risque de trouble à l’ordre public.
Mme Émilie BonnivardIncroyable !
M. Patrick HetzelLa semaine dernière, la même présidence laissait s’exprimer au sein de l’université M. Jean-Marc Rouillan, condamné pour apologie du terrorisme et pour deux assassinats à caractère terroriste.
M. Olivier MarleixQuelle honte !
M. Vincent DescoeurScandaleux ! Nous sommes sur Mars !
M. Patrick HetzelDans une interview, il avait ainsi déclaré au sujet des frères Kouachi : « J’en ai marre des poncifs antiterroristes […]. Moi je les ai trouvés très courageux […]. » Tout cela est pour le moins choquant : je n’ose imaginer, madame la ministre, que vous combattiez la philosophie et protégiez le terrorisme. Vous assurez la tutelle des universités ; vous avez mission de garantir qu’elles respectent la légalité ;…
M. Maxime MinotEh oui !
M. Bruno BildeÉvidemment !
M. Patrick Hetzel…mais étrangement, à ce sujet, on ne vous a pas entendue. Ma question sera donc double : pourquoi ce silence assourdissant, et que comptez-vous faire en vue de combattre cette inacceptable inversion des valeurs ?
Mme la présidenteLa parole est à Mme la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Mme Sylvie RetailleauComme vous l’avez évoqué, monsieur Hetzel – vous êtes bien placé pour le savoir –, l’autonomie des universités constitue un fait historique,…
M. Vincent DescoeurCela n’autorise pas tout ! Il y a aussi la loi !
Mme Sylvie Retailleau…qui ne leur permet cependant pas tout. Lorsqu’on ne s’exprime pas, on travaille : on œuvre afin de maintenir le calme, d’éviter les blocus, de conserver aux universités leur liberté académique, aux étudiants et aux personnels le droit d’y accéder.
M. Pierre CordierDeux poids, deux mesures !
Mme Sylvie RetailleauJe le répète, c’est un travail que nous accomplissons quotidiennement pour nos étudiants.
M. Fabien Di FilippoVous êtes la ministre des repas au Crous !
Mme la présidenteS’il vous plaît, chers collègues !
M. Fabien Di FilippoRépondez sur le fond, madame la ministre !
Mme Sylvie RetailleauPuisque ces sujets vous intéressent, voyez ce que nous venons de faire concernant les bourses, les récentes annonces touchant les universités !
M. Pierre CordierQuelle médiocrité !
M. Fabien Di FilippoC’est honteux !
M. Vincent DescoeurLa question ne portait pas sur les menus du Crous. Vous devriez prendre des sanctions, madame la ministre !
Mme la présidenteLa parole est à M. Patrick Hetzel.
M. Patrick HetzelMadame la ministre, votre réponse est incroyable. Avez-vous bien conscience que la même université interdit à Mme Agacinski de s’exprimer dans son enceinte…
M. Maxime MinotEh oui !
M. Patrick Hetzel…sans que personne trouve à redire à cette décision inquiétante, et entérine l’apologie du terrorisme, ce qui ne semble pas vous déranger ?
M. Maxime MinotC’est hallucinant ! Démission !
M. Patrick HetzelEn tant que ministre de l’enseignement supérieur, il vous revient, encore une fois, de vous assurer que la liberté académique, que nous devons évidemment défendre, ne franchisse pas les bornes de la légalité !
Mme la présidenteMerci, cher collègue.
M. Patrick HetzelVous-même avez pu constater que, trois jours après les faits dont je vous parle, l’université Bordeaux Montaigne était fermée pour plusieurs mois à la suite de dégradations massives. Tout cela est intolérable !
M. Aurélien PradiéC’est incroyable ! La prochaine fois, madame la ministre, restez dans votre ministère : pas la peine de vous déranger !